Ă€l’occasion de l’Exposition universelle d’Osaka, je me suis rendue au Japon en tant que vice-prĂ©sidente de la commission des affaires culturelles et de l’éducation, et membre du groupe d’amitiĂ© France-Japon, aux cĂ´tĂ©s du Ministre dĂ©lĂ©guĂ© chargĂ© du Commerce extĂ©rieur et des Français de l’Étranger, Laurent Saint-Martin, et de tous ceux qui participent aux liens entre la France et le Japon.
  Ce dĂ©placement, qui m’a conduite d’Osaka Ă Tokyo, a Ă©tĂ© l’occasion d’explorer plusieurs thĂ©matiques qui me tiennent particulièrement Ă cĹ“ur : la diplomatie parlementaire, la culture, l’éducation et l’audiovisuel public. Voici un retour sur cette visite enrichissante !
Une Exposition universelle sous le signe de l’émotion et de l’innovation
 L’Exposition universelle d’Osaka 2025, la deuxième organisĂ©e dans cette ville après celle de 1970, s’Ă©tend du 13 avril au 13 octobre sur une Ă®le artificielle, vĂ©ritable cocon d’innovation et de diversitĂ© culturelle. Au sein du grand anneau — la plus grande construction en bois jamais rĂ©alisĂ©e — les pavillons du monde entier projettent l’image qu’ils souhaitent transmettre au reste du globe.
J’ai eu l’honneur de participer à l’inauguration officielle du Pavillon France, un moment fort de rayonnement pour notre pays sur la scène internationale. Cette cérémonie a réuni de nombreuses personnalités, parmi lesquelles le ministre chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, qui a réaffirmé l’ambition de la France en matière d’innovation, de culture et de diplomatie économique. Les parrains du Pavillon, l’actrice Sophie Marceau et le judoka multi-titré Teddy Riner, ont apporté leur soutien symbolique à cette vitrine de l’excellence française. Jacques Maire, commissaire général du Pavillon France, a rappelé avec conviction le sens et les objectifs de cette présence française, soulignant l’importance de la coopération entre institutions publiques, entreprises et créateurs.
L’équipe artistique, placée sous la direction de Justine Emard, a quant à elle donné toute sa dimension sensible et immersive à l’expérience proposée aux visiteurs. Le pavillon, dont le fil rouge est l’« Hymne à l’amour », célèbre les liens humains à travers la légende japonaise du fil rouge du destin, comme celui qui pourrait être tenu entre le Mont-Saint-Michel et un tori d’Hiroshima. Le pavillon a connu un immense succès dès ses débuts, accueillant 100 000 visiteurs en une semaine.
J’ai Ă©galement visitĂ© le pavillon de l’Union europĂ©enne — une première hors du territoire europĂ©en — axĂ© sur la nature, l’innovation et la crĂ©ativitĂ©. De manière inĂ©dite Ă©galement, l’Europe s’est dotĂ©e d’une Mascotte très kawaĂŻÂ : Europa.
Parmi les pavillons signature de l’exposition universelle, j’ai découvert un projet saisissant « Sign of Life » : la reconstruction d’une école traditionnelle japonaise entièrement en bois. Ce geste architectural fort s’inscrit dans une démarche de préservation du patrimoine et de transmission intergénérationnelle.
Le film de Naomi Kawase, projeté sur place, documente avec une grande sensibilité les étapes de la déconstruction puis de la reconstruction de l’école. À travers son regard poétique, le bâtiment devient le témoin d’une mémoire collective et d’un lien profond entre passé, présent et avenir.
La rencontre avec Naomi Kawase elle-même, ainsi qu’avec l’architecte du projet, a donné lieu à des échanges riches autour des enjeux de mémoire, de ruralité et de démographie. Ensemble, nous avons réfléchi à la manière dont l’architecture peut devenir un vecteur de résilience, mais aussi de renouveau, dans un Japon confronté au vieillissement de sa population et à la disparition progressive de ses villages.
Pour en savoir plus sur cette Exposition universelle Ă Osaka, je vous invite Ă dĂ©couvrir l’épisode « Japon – Cool Japan : comment le Japon relance son influence avec l’exposition universelle » du programme Soft Power sur France Culture. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/soft-power/cool-japan-comment-le-japon-relance-son-influence-avec-l-exposition-universelle-8249952 Ă€ Ă©couter dès la 48e minute !
La vitalité de la présence française au Japon
 Ce déplacement a également permis de mesurer la richesse et la diversité de la présence française au Japon. À Tokyo, j’ai été accueillie par Philippe Setton, ambassadeur de France au Japon, ainsi que par Mathieu Fournet, nouveau conseiller culturel de l’ambassade. J’ai également rencontré les équipes du Consulat général de France dans le Kansai, menées par Sandrine Mouchet.
Au-delĂ de la diplomatie traditionnelle, l’économie, l’Ă©ducation et la culture Ă©taient Ă©galement au cĹ“ur des Ă©changes !
Avec le ministre Laurent Saint Martin, nous sommes allĂ©s Ă la rencontre des acteurs de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) France Japon. Des discussions qui ont permis de mettre en lumière les opportunitĂ©s de coopĂ©ration Ă©conomique, dans des secteurs porteurs comme les industries crĂ©atives, les technologies durables ou encore la santĂ©. Le dynamisme des entreprises françaises implantĂ©es localement tĂ©moigne de la soliditĂ© de ce partenariat Ă©conomique.
Le volet Éducatif et Recherche de mon voyage m’a conduit dans plusieurs établissements, dont les lycées français de Kyoto et Kyoto ainsi qu’à l’École Française d’Extrême-Orient (EFEO), institution centenaire dédiée à la recherche sur les civilisations asiatiques. À travers ces visites, s’est dessinée l’importance des échanges éducatifs franco-japonais, tant dans le secondaire que dans la recherche universitaire.
La dimension culturelle de mon séjour au Japon a été marquée par des visites aux Instituts français de Kyoto et de Tokyo, véritables piliers de la présence culturelle francophone dans l’archipel. Ces institutions jouent un rôle essentiel dans la promotion de la langue française, en accueillant chaque année de nombreux apprenants japonais et en proposant une programmation riche mêlant arts, débats d’idées et échanges intellectuels.
À Kyoto, la Villa Kujoyama incarne un autre visage de cette coopération : celui de la création contemporaine. Résidence artistique de référence, elle accueille des artistes français pour des projets inspirés par le Japon en lien étroit avec des artisans japonais renforçant ainsi les relations entre nos scènes culturelles. Quelques semaines avant mon arrivée, le Festival du Film Français de Yokohama avait lui aussi témoigné de cette vitalité, en réunissant un large public autour du cinéma francophone — preuve que la culture reste un vecteur puissant du dialogue entre nos deux pays.
Coopération culturelle franco-japonaise
La richesse de la coopération culturelle entre la France et le Japon s’est manifestée à travers plusieurs temps forts de mon séjour.
À Tokyo, un déjeuner consacré aux industries culturelles, organisé par Mathieu Fournet, a réuni des acteurs clés du secteur, notamment autour des enjeux de coproduction, de soutien à la création et de rayonnement international. La France et le Japon partagent des ambitions communes pour la création artistique et sa diffusion internationale, autour du cinéma, des arts visuels, de l’édition, des grandes expositions et des mobilités artistiques et étudiantes. Ensemble, ils répondent aux défis du renouvellement des publics, de l’éducation artistique, de la diversité culturelle et des nouveaux enjeux liés à l’intelligence artificielle.
À Kyoto, la Villa Kujoyama, emblème de cette relation culturelle, célébrait ses dix ans de soutien à la création contemporaine française en lien avec les savoir-faire japonais. Accueillant chaque année une quinzaine d’artistes en résidence dans ses ateliers nichés sur les hauteurs de la ville, la Villa a présenté une série d’œuvres hybrides comme de la danse autour de la vannerie proposé par Nina Fradet, de l’orgue de vent, des créations culinaires, illustrant le dialogue entre tradition et innovation. Ce moment fort a été marqué par les discours de l’ambassadeur de France, de la Fondation Bettencourt Schueller et de la directrice de la Villa, Adèle Fremolle, et ponctué d’échanges riches avec artistes et artisans.
Enfin, la scène photographique contemporaine trouve un écho tout aussi vibrant avec le festival Kyotographie, fondé il y a 13 ans par la photographe française Lucille Reyboz et son partenaire. Désormais incontournable sur la scène internationale, au point de rivaliser avec les Rencontres d’Arles ! L’édition 2025 propose 14 expositions dans 14 lieux emblématiques de Kyoto, avec une affiche signée JR. Aux côtés de Lucille Reyboz, j’ai pu découvrir les expositions de Martin Parr, Graciela Iturbide, Laetitia Ky ou encore Éric Poitevin, dans un parcours mêlant photographie, patrimoine et rencontres.
Ce dĂ©placement a illustrĂ© avec force que la culture est un levier majeur d’influence et de dialogue dans les relations bilatĂ©rales des deux pays. Ă€ travers l’innovation, la mĂ©moire et les Ă©changes humains, la France et le Japon renforcent leur partenariat stratĂ©gique, fondĂ© sur la crĂ©ativitĂ© et la transmission.
La diplomatie parlementaire en action
 Dans un monde oĂą les relations internationales ne se jouent plus seulement entre gouvernements, la diplomatie parlementaire occupe une place de plus en plus stratĂ©gique. Elle permet aux Ă©lus de diffĂ©rents pays de dialoguer directement, de construire des liens durables, et d’agir en complĂ©mentaritĂ© avec la diplomatie officielle. Ă€ travers mon engagement en tant que PrĂ©sidente du groupe d’amitiĂ© France-Inde pendant 5 ans, ma participation Ă des Ă©vĂ©nements internationaux comme la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (CSW) en 2023 et 2024, ou encore le Spring Meeting du FMI et de la Banque mondiale en 2019, j’ai pu mesurer l’importance de ces Ă©changes pour favoriser une meilleure comprĂ©hension mutuelle et peser sur des enjeux globaux majeurs.
C’est dans cet esprit que j’ai eu l’honneur de me rendre Ă la Diète nationale du Japon, siège du pouvoir lĂ©gislatif du pays. SituĂ© au cĹ“ur de Tokyo, elle abrite la Chambre des ReprĂ©sentants (chambre basse) et la Chambre des Conseillers (chambre haute). J’ai ainsi dĂ©couvert l’hĂ©micycle impressionnant des 465 dĂ©putĂ©s japonais, un espace marquĂ© par l’histoire politique moderne du Japon et tĂ©moin de dĂ©bats essentiels pour l’avenir de l’archipel.
Lors de cette visite, j’ai rencontrĂ© plusieurs parlementaires japonais. J’ai rencontrĂ© Chinami Nishimura, dĂ©putĂ©e du Parti Constitutionnel DĂ©mocrate du Japon, avec qui nous avons Ă©voquĂ© les dĂ©fis communs auxquels font face nos dĂ©mocraties, notamment en matière de droits sociaux et d’Ă©galitĂ©.
J’ai Ă©galement eu des discussions passionnantes avec Chinami Nishimura et  Keisuke Ohno centrĂ©es sur l’impact croissant de l’intelligence artificielle dans nos sociĂ©tĂ©s, en particulier sur les secteurs de l’information et de la culture. Ensemble, nous avons partagĂ© nos rĂ©flexions sur la nĂ©cessitĂ© urgente d’un encadrement Ă©thique et lĂ©gislatif de ces nouvelles technologies, pour en maximiser les bĂ©nĂ©fices tout en protĂ©geant nos sociĂ©tĂ©s contre leurs dĂ©rives.
Cette sĂ©quence parlementaire de mon dĂ©placement a illustrĂ© toute la richesse et l’importance de la diplomatie parlementaire : construire des ponts, confronter des idĂ©es, et prĂ©parer ensemble les rĂ©ponses aux dĂ©fis globaux qui nous lient plus que jamais.
Focus sur l’audiovisuel public japonais
 Particulièrement mobilisée en faveur de l’audiovisuel public, et auparavant membre des conseils d’administration de France Télévisions et Radio France, j’ai souhaité m’intéresser au fonctionnement japonais en la matière. Lors de mon séjour au Japon, j’ai alors eu l’opportunité de visiter le siège et les studios de la NHK (Japan Broadcasting Corporation). Ce fut une occasion unique de découvrir de l’intérieur le fonctionnement de cette institution et de mieux comprendre son rôle dans la société japonaise.
L’un des moments forts de cette visite a été mon échange avec Sato Fumikata, chef de l’information internationale à la NHK. Nous avons abordé ensemble les enjeux cruciaux de la lutte contre la désinformation, un défi auquel sont confrontés les médias à l’échelle mondiale. Nous avons également discuté des stratégies mises en place pour reconquérir les jeunes publics, de plus en plus tournés vers des sources d’information alternatives.
J’ai Ă©galement rencontrĂ© Akiko Ogasawara, chercheuse Ă l’Institut de Recherche de la NHK, qui m’a prĂ©sentĂ© ses travaux sur la gouvernance et le financement de l’audiovisuel public, un sujet de grande pertinence pour les comparaisons entre le Japon et la France.
Par exemple au Japon, il n’y a qu’une seule application mobile de la NHK. Autre distinction, aucune publicité n’est présente sur l’audiovisuel public qui est finance uniquement par une redevance !