Circonscription

L’économie circulaire, ça devrait vous plaire !

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Jeudi 16 janvier, j’organisais à Levallois une réunion publique sur le thème de l’économie circulaire. Nous avons eu le plaisir d’accueillir la Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre de la transition écologique et solidaire, Brune Poirson. Ainsi que les représentants de trois acteurs de l’économie circulaire à Levallois et Clichy ; Marion Georges, salariée de l’association Solicycle ; Yoan Hubert co-fondateur de Sous les fraises et Lilian Thibault fondateur de la marque Awake.

Aujourd’hui, je vous invite à découvrir et redécouvrir nos échanges !

Intervention de la Ministre : Qu’est-ce que l’économie circulaire ?

La Secrétaire d’Etat à la transition écologique et solidaire, Brune Poirson, nous a présenté en quelques phrases ce qu’était l’économie circulaire et les actions que le Gouvernement a mis, ou va mettre en place.

Selon l’anthropologue Marcel Mauss, si on veut comprendre une société, il faut regarder ses déchets, c’est ce que nous a rappelé Madame la Ministre. Le gaspillage est une réalité dans nos rues, nous pouvons tous nous mobiliser afin de réutiliser ces déchets de différentes façons.

Le Président de la République dans sa lettre de cadrage du Grand Débat National, n’a pas posé la question de l’économie circulaire en tant que telle. En revanche, lorsque nous avons interrogé les Français, les sondages montrent qu’ils s’y sont attachés. Pour cela, il faut changer nos habitudes du quotidien et notamment trier nos déchets.

Mais malgré cela, en France, 850 millions d’euros de produits neufs sont détruits chaque année. Et 49 millions d’euros de vêtements ou autres sont détruits tous les ans, simplement parce que le produit n’a pas plu, alors que, 3 millions de français n’osent pas sortir de chez eux car ils n’ont pas assez de produits de première nécessité. De l’autre côté 91% des produits de première nécessité qui ne sont pas vendus sont détruits. Par exemple, plus d’un million de femmes n’ont pas accès aux serviettes hygiéniques. En France, grâce à cette loi, ce gaspillage va devenir une pratique illégale comme nous avons précédemment fait pour l’alimentaire.

De plus, le Gouvernement a mis en place des mesures de lutte contre la prolifération du plastique et contre l’obsolescence programmée avec 130 mesures dont certaines très concrètes comme ce qui a pu se faire à Levallois avec une journée organisée par une association afin de ramasser les mégots de cigarettes dans la rue. Ces mégots coûtent cher en nettoyage à la municipalité et à la nature quand on sait qu’un mégot représente 500 litres d’eau polluée. C’est le premier déchet que l’on retrouve dans la nature avec le plastique. C’est pour cela que le Gouvernement a créé une filière pollueur-payeur afin que les entreprises fabricantes de cigarettes prennent financièrement en charge cette responsabilité et aident les collectivités à lutter contre la pollution par les mégots de leurs cigarettes.

Brune Poirson a rappelé que les entreprises devront organiser un système de collecte et de recyclage ainsi que contribuer financièrement en apportant de l’argent aux associations locales, aux entreprises de l’économie sociale et solidaire, qui font déjà un travail remarquable pour lutter contre le gaspillage.

Cette loi se veut ambitieuse et va transformer notre quotidien en transformant chaque secteur de l’économie. L’économie circulaire est une véritable alternative.

Questions posées à la Ministre :

  • Pourquoi ne pas interdire les promotions et les cartes de fidélité qui, finalement, incitent à la surconsommation ?

La question s’était posée avec le Black Friday, même si ce modèle incite à la surconsommation, il permet aussi à certains de faire leurs achats sur cette période où les produits sont plus accessibles. Cela ne peut pas être le modèle de société auquel nous aspirons mais, interdire les promotions ce jour-là aurait été vu comme une mesure de division sociale.

Le Gouvernement propose un allongement de la durée de vie des produits, en étendant la durée des garanties, par exemple. Dans la loi il est inscrit que si vous faites réparer un produit pendant la durée de garantie de 24 mois (en France), alors celle-ci est gratuitement étendue de six mois supplémentaires.

  • Pourquoi ne pas étendre les mesures faites aux entreprises, aux citoyens en mettant en place un système d’amende, lorsque l’on jette son mégot sur le trottoir par exemple ?

Ce type de mesure implique deux choses. Avant tout, une action de sensibilisation mais qui a un coût et certaines municipalités font déjà un important travail de sensibilisation et des amendes existent. C’est aussi aux entreprises de se mobiliser, certaines mesures de pollueur-payeur existent déjà sur beaucoup d’objets comme le mobilier ou l’électronique. Souvent, les citoyens sont prêts à faire ces efforts mais ils manquent d’outils. C’est à ce titre, que l’action du Gouvernement a inscrit dans la loi des mesures tendant à généraliser le vrac pour éviter le gaspillage.

De plus, Madame la Ministre souhaite mettre en place un système de consigne notamment pour les bouteilles plastique, car 250 millions de bouteilles en plastique finissent dans la nature chaque année.

  • La taxe carbone ne devra-t-elle pas revenir sur le devant de la scène ?

Nous souhaitons que les revenus de cette taxe soient attribués à ceux qui en ont le plus besoin pour les soutenir dans leurs actions. Ce prix sur la pollution est une politique publique indispensable pour toute transition écologique. C’est pour cela que la France se bat également pour mettre en place un prix du carbone aux frontières de l’Europe.

  • Le transport routier est un gros pollueur, qu’est-il prévu dans la loi aujourd’hui pour essayer de lutter contre cela ?

Cela fait l’objet d’une autre loi, menée par la Ministre Elisabeth Borne quand elle était chargée du portefeuille du transport. C’est la Loi d’orientation des mobilités qui vise à développer au maximum toutes les mobilités du quotidien et faire émerger des solutions sur les territoires afin de promouvoir, par exemple, les bus de proximité. La priorité doit être de trouver des solutions de mobilité au quotidien pour ne pas se sentir enfermer sur son territoire et en émettant le moins de CO2 possible.

  • Les entreprises, sur le principe du pollueur-payeur, vont devoir s’occuper de leurs invendus mais en même temps vous leur avez promis que leurs produits ne se retrouveraient pas dans la nature. Pouvez-vous détailler votre action ?

Le terme de pollueur-payeur est négatif, dans certains cas d’entreprises peu volontaires cela peut s’utiliser mais il existe des entreprises qui s’engagent à faire des efforts, et alors le terme d’entreprises responsables semble plus approprié.

Sur la question des produits alimentaires invendus, le Gouvernement souhaite que les entreprises respectent un certain nombre de priorités. Premièrement, le don. Ces invendus pourraient être donnés à des associations par exemple. Deuxièmement la réutilisation, en transformant le produit dans son usage ou encore en en faisant don à une association de l’économie sociale et solidaire qui va transformer ce produit avec des emplois d’insertion locaux puis le revendre par la suite. Et troisièmement, la priorité, le recyclage si les deux solutions précédentes ne sont pas réalisables. Pour les entreprises pour lesquelles il existe un système de pollueur-payeur, la Ministre a assuré que ces solutions seront rendues obligatoires avant la fin 2021, et autrement au plus tard fin 2022.

L’économie circulaire locale !

Nous pouvons avoir une actualité nationale et internationale, mais il existe des faiseurs locaux comme au sein de la circonscription qui m’a élue. Au cours des deux ans et demi de mandat, j’ai pu aller à la découverte de ces faiseurs et il est intéressant aujourd’hui de leur donner la parole.

Solicycle, représenté par Marion Georges :

Cette association est créée en 2011 à l’initiative de Clichois passionnés de vélos afin d’apprendre aux personnes à réparer le leur. En effet, en France, près d’un million et demi de vélos sont jetés par an sachant qu’en moyenne trois millions sont vendus chaque année. Solicycle s’est rapproché d’une association d’insertion par l’emploi à vocation régionale et de là est né l’atelier Solicycle.

L’association contribue donc à une action d’économie solidaire, ainsi qu’à une promotion des mobilités actives et une action d’insertion, car les mécaniciens sont en contrat d’insertion pour une durée d’un an. Ils récupèrent les vieux vélos, par exemple dans les déchetteries avec qui Solicycle a des partenariats, mais aussi chez des particuliers, ou encore venant de dons d’entreprises. De plus, le samedi les mécaniciens accueillent des particuliers au sein de l’atelier afin d’apprendre aux gens à réparer leur vélo.

En effet, être impuissant face à une panne n’encourage pas à la pratique du vélo, et contribue aux freins à la pratique, a rappelé Marion Georges. Au-delà de tout cela, l’association vend des prestations aux entreprises en les aidant à mettre en place leur plan mobilité. Quelques chiffres semblent intéressants, depuis 2011 plus de 120 personnes ont été salariées, plus de 3000 vélos réparés et 2000 vendus.

Questions :

Une question me semblait pertinente au vu de l’actualité. Est-ce que Solicycle a été davantage sollicité durant les semaines de grèves ? Marion Georges s’est en effet réjouie de la fréquentation de ces dernières semaines. Solicycle a été très sollicité à tel point, qu’exceptionnellement l’atelier a ouvert toute la semaine au lieu du seul samedi.

  • Quel est votre modèle économique ? La première mission est une mission d’insertion, à ce titre c’est une quasi délégation de service public. Les postes en insertion sont subventionnés principalement par l’Etat, puis les départements aident pour les bénéficiaires des RSA puisque c’est de leur compétence, et les collectivités peuvent aussi soutenir en mettant à disposition un local ce qui est le cas à Clichy. De plus, l’association est limitée à 30% de ses produits issus de son activité économique, donc les subventions représentent 70%.

Sous les fraises, Yoan Hubert, co-fondateur :

C’est une entreprise créée il y a 5 ans sur un projet établi il y a une vingtaine d’années. A l’origine biologiste, Yoan Hubert est devenu entrepreneur en passant par l’intérêt général car il a longtemps été vice-président d’une maison de quartier. La question de comment introduire la nature dans la ville sans peser sur les charges de celle-ci était le défi à relever.

 

Il y a 5 ans, cette idée a fait son chemin à Paris où a été créée l’entreprise Sous les fraises. Elle a relevé le défi d’introduire dans l’activité économique des entreprises du secteur de l’immobilier, la valeur environnementale et sociétale.

Par exemple, ce sont les premiers à avoir transformé un immeuble haussmannien en station de bio-filtration de l’eau. Les eaux des douches et lavabos de l’immeuble sont récupérées et puis bio-filtrées sur le toit afin de les rendre potable. Ces eaux viennent irriguer un jardin sur ce toit. Un autre exemple, le centre commercial de So Ouest, où actuellement 6000 m2 de jardin poussent avec des fruits et légumes et où sont organisés des événements.

Dans Paris, l’entreprise compte 20 000 m2 de production. Il faut donc transformer cette production en produits qui aujourd’hui sont commercialisés. Donc l’entreprise fait des infusions, mais aussi de la bière. De plus, en travaillant en économie circulaire vous travaillez avec les acteurs locaux, actuellement l’entreprise collabore avec le dernier distillateur de Paris avec qui a été créé un gin au géranium.

 

C’est aussi cela l’économie circulaire, apporter des produits de qualités. Sous les fraises s’ancre dans un usage réel et dans une logique où la nature a trouvé sa place. Aujourd’hui l’entreprise emploie 15 salariés en CDI et 25 en haute saison.

Questions :

  • L’avenir n’est-il pas dans la culture indoor aéroponique puisque cela permet de consommer seulement 10% d’eau par rapport à l’agriculture normale ? Et pourquoi ne pas faire cela dans les locaux des sociétés qui sont partantes ?

Aujourd’hui, le but de l’entreprise n’est pas de nourrir la ville, c’est de donner de la nature à la ville et de lui donner une valeur. Donc ces techniques de haute productivité ne rentrent pas dans la sphère de Sous les fraises, même si ce sont des techniques tout à fait admirables, insiste Yoan Hubert.

Awake : Lilian Thibault, fondateur d’Awake.

Leur mission est de trouver des solutions aux problématiques environnementales en transformant des déchets au lieu d’utiliser des énergies fossiles. Ces déchets sont transformés en objets durables et qualitatifs. L’entreprise a commencé avec une montre, symbole du temps qui passe et de l’urgence à changer notre façon de consommer. Dans cette démarche Awake essaie de se demander, à chaque fabrication, ce qui va avoir le moins d’impact et le plus de sens.

Awake est la première entreprise, malgré sa petite année d’existence à fabriquer la première montre en filet de pêche (10% de la pollution des océans, 250 kg de plastique arrivent chaque seconde dans l’eau) dans le cadre du G7 à Biarritz. La mise à l’honneur de cette montre a été inattendue car Awake a été sollicité par le comité d’organisation du G7 afin de présenter cette montre responsable. De plus, le Président Emmanuel Macron a mentionné la montre Awake lors de son allocution de clôture.

Awake illustre des problèmes, sensibilise, selon Lilian Thibault une marque doit être un média. La marque sert de média à travers l’innovation car celle-ci permet d’inspirer les gens. Awake tente de ne pas faire que de la fabrication, car chaque production est un futur déchet donc leur souhait est de mettre en place un programme de recyclage des montres cassées.

 

 

J’étais particulièrement heureuse de faire résonner l’actualité parlementaire avec les actions impulsées depuis ma circonscription et qui vont dans le même sens national et local au service de la transition écologique !

 

Vous souhaitez réagir ? Me communiquer des recommandations pour la prochaine réunion publique du 2 avril ? Joignez moi à l’adresse suivante : celine.calvez@assemblee-nationale.fr ! 

En attendant de vous retrouver le 2 avril au 3 place du marché à Clichy, n’hésitez pas à vous inscrire dès aujourd’hui à ma newsletter et à me suivre sur Facebook et sur Twitter !

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